La plupart des gens croient que nous élevons des chiens pour nous faire de l’argent sur leur dos et ne voient que la base : nous mettons les femelles au mâle et nous engrangeons l’argent. La réalité – notre réalité – est tout autre. Il est temps d’abroger les mythes, d’éclairer les tabous. L’élevage, c’est la merveilleuse aventure des naissances, mais pas seulement. A certaines périodes, l’éleveur renonce à dormir dans son lit, il dort par terre aux côtés d’un animal malade ou d’une mère sur le point d’accoucher… s’il dort.
L’éleveur doit se trouver un emploi qui finance sa passion et lui laisse assez de temps libre pour jouer les nounous. Mais son véritable travail commence au retour à la maison lorsqu’il faut s’occuper des animaux. Il dépense sans compter pour leur bien-être. L’éleveur se prive souvent pour subvenir aux besoins de ses chiens avant de subvenir aux siens.
L’éleveur n’est pas un vendeur. C’est une mère, un père. Ne lui demandez pas de vous considérer comme un roi. Les rois chez lui, ce sont ses chiens. Et vous n’êtes pas son client, vous êtes la future mère ou le futur père de ses petits.
L’éleveur n’a une vie sociale qu’à certaines périodes, lorsque les bébés ont grandi, lorsque les animaux ne sont pas malades, lorsque… S’il finit par avoir une vie sociale, l’éleveur se décommande souvent pour une urgence, écourte ses vacances et limite la durée de ses sorties au stricte nécessaire sous le même et unique prétexte : « J’ai des animaux, il faut que je rentre ».
L’éleveur estime que son temps libre sert à s’occuper de ses animaux, tout le reste est une corvée. D’ailleurs, lorsqu’on lui fait remarquer qu’il faudrait prendre un peu de temps libre pour lui, il répond invariablement que s’occuper de ses animaux, C’EST du temps pour lui.
L’éleveur parle de ses animaux avec tant de passion qu’il est intarrissable sur le sujet au point que vous avez l’impression qu’il n’a que cela dans sa vie. L’éleveur parle à ses animaux comme s’il les comprenaient. (Et c’est le cas…vous en doutiez?).
Il étudie durant toute sa vie pour améliorer sa race, mais aussi pour comprendre intégralement le fonctionnement de ces êtres mystérieux : génétique, santé, alimentation, reproduction, tout y passera. Il met tout son temps, son coeur, son cerveau et ses finances au service de son élevage. L’éleveur est un être à part qui n’a pas une vie normale aux yeux des autres (si vous en doutiez encore…relisez).
L’éleveur fait des sacrifices quotidiens durant tous les mois de toute l’année de toute la vie. Il supporte quotidiennement l’ignorance des gens qui ne comprennent pas sa passion ou ne la partagent pas et se fait un devoir d’éduquer, parfois même parmi ses proches.
Il supporte les préjugés des gens qui pensent qu’il gagne beaucoup d’argent. L’éleveur aura refusé jusque dix candidatures d’adoptants avant de laisser partir un seul bébé. Il préfère garde son petit à la maison plutôt que de le laisser partir dans une mauvaise famille. L’éleveur supporte tous les jours la bêtise des gens qui rabaissent, critiquent ou font n’importe quoi avec sa race. Il n’a coeur que le bien-être de ses animaux. L’éleveur se fait traîner continuellement dans la boue par d’autres éleveurs qui le jalousent ou n’aiment pas sa façon de voir les choses. A ce titre, il se fera plus d’ennemis qu’il ne comptera de victoires dans la vie.
Il doit se plier à des règles strictes d’hygiène, de finance, de moral qu’il est souvent le seul à s’imposer. L’éleveur passe plus de temps chez le vétérinaire pour un animal que chez le médecin pour lui-même. Il s’inquiète du moindre éternuement, de la paupière clause, vérifie cent fois par jour l’état d’une femelle à la veille d’accoucher et mille fois comment vont les petits nouveaux-nés.
L’éleveur pleure de joie le jour où naît un héritier ou une héritière tant attendu(e)… mais il pleure aussi les nichées qui périssent sans qu’il ne puisse rien y faire. Lorsqu’un petit meurt, il vérifiera le bien-être du reste de la nichée deux fois plus souvent que d’habitude. L’éleveur pleure les mères qui décèdent à l’accouchement, les retraités qui se cachent pour mourir, les chiens discrets comme ceux qui lui ont tout donné…mais il se relève et recommence. Le plus important que tout : l’éleveur a choisi cela en son âme et conscience. Il n’échangerait donc sa vie contre celle d’aucun autre et est très heureux ainsi. Tout ce qui lui importe, c’est de partager avec quelques rares élus l’Amour qu’il porte à ses chiens. Parce qu’ils lui ont tant appris, il s’efforcera de lui offrir un compagnon inestimable. L’éleveur s’attend toujours à ce que votre nouveau compagnon change votre vie comme des générations d’animaux ont changé la sienne avant la vôtre.